E-santé. 4 jeux au service de l’éducation thérapeutique du patient

Jeu & Gamification Thérapie Digitale
5 minutes
Des histoires à étapes, des points à cumuler, des quiz, des vidéos, des défis ludiques individuels ou collectifs… Les jeux de santé gagnent du terrain dans le domaine de l’éducation thérapeutique des patients. Zoom sur 4 solutions digitales destinées à favoriser l’autonomisation des participants.
Des histoires à étapes, des points à cumuler, des quiz, des vidéos, des défis ludiques individuels ou collectifs… Les jeux de santé gagnent du terrain dans le domaine de l’éducation thérapeutique des patients. Zoom sur 4 solutions digitales destinées à favoriser l’autonomisation des participants.

Emno_line, pour accompagner les patients en surpoids

Emno_line est une plateforme digitale destinée aux patients souffrant de surpoids ou d’obésité, qu’ils soient ou non engagés dans un processus de chirurgie bariatrique.

Créée par Cyril Gauthier, médecin nutritionniste à Dijon et fondateur de l’espace médical Nutrition et Obésité (EMNO), Emno_line a pour but de faire évoluer les patients sur leurs comportements afin qu’ils gèrent différemment leur alimentation et leurs émotions. « Emno_line utilise un processus de gamification pour aider le patient à comprendre ce qu’il faut faire ou non. Le contenu de l’apprentissage, constitué de vidéos et quizz, est vulgarisé et facilement accessible », détaille Gyril Gauthier.

“Mon nom est Anéo, je suis une cellule adipocytaire”. Le patient se laisse progressivement guider par des personnages hauts en couleurs. Au menu : des modules thématiques composés d’ateliers de 5 à 10 min des quiz d’évaluation, un forum pour discuter de manière anonyme et un accès spécifique pour les proches de l’usager.

« L’apport pour les médecins est notable : en permettant au patient de comprendre ce qu’il a, il devient acteur de sa santé. De notre côté, nous pouvons suivre à distance ses progrès et blocages puis en discuter avec lui en consultation », conclut le Docteur Cyril Gauthier.

Emno_line est un des éléments d’une expérimentation article 51 portée depuis octobre 2019 par l’EMNO Dijon Valmy accompagnée par l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, la CNAM et le ministère.

Odysight, un jeu vidéo pour surveiller sa vue

Prescrite sur ordonnance par les médecins, l’application Odysight, créée par la société Tilak Healthcare, permet aux patients victimes de maladies de la rétine, dont la DMLA, de surveiller régulièrement leur vue. « C’est un jeu où on va suivre un personnage, une aventure qui ressemble à une odyssée* », raconte Edouard Gasser, directeur général de Tilak Healthcare.

Le principe : tous les 3 ou 4 jours, pendant 5 à 10 minutes, le patient teste son acuité visuelle, un œil après l’autre via l’application ludique. Si les résultats sont mauvais, l’ophtalmologue, prévenu par une alerte mail, contacte l’utilisateur pour lui proposer rapidement un rendez-vous. Le patient peut ainsi être soigné à temps, ce qui permet d’éviter des lésions irréversibles.

Pour l’instant, 200 ophtalmologistes environ utilisent l’application qui leur permet de mieux suivre leurs patients à distance alors que le nombre de praticiens chute en France. Financée par Novartis, l’application est actuellement gratuite.

My Cyber Royaume, la réalité virtuelle pour les troubles cognitifs

A Lille, la start-up My Cyber Royaume consacre son activité au développement de programmes de réalité virtuelle dédiés à la santé ou encore à la prévention. Ces outils sont conçus en partenariat avec des professeurs, chercheurs et des médecins.

L’entreprise a conçu 4 modules à utiliser avec un casque de réalité virtuelle. Ils s’adressent en priorité à des patients atteints de troubles cognitifs ou moteurs légers. En plongeant l’utilisateur dans un paysage apaisant, le module « good cell » a pour objectif de procurer un sentiment d’évasion qui aide à réduire les symptômes dépressifs et l’anxiété.

Ces escapades virtuelles cherchent à compenser le manque de stimulation des usagers et ses diverses conséquences : isolement social, confinement à domicile, en centre hospitalier ou en institution.

Kiplin, des jeux digitaux pour faciliter l’activité physique adaptée

De son côté, Kiplin édite des jeux mobiles pour favoriser l’activité physique adaptée des patients atteints de maladies chroniques (cancer, obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires…).

Grâce à leur smartphone (et via l’application mobile Kiplin), les patients transforment leurs pas du quotidien en points. Les points permettent ensuite d’avancer progressivement dans des histoires étapes « Nous proposons des jeux de plateau type jeu de l’oie, des jeux d’énigmes et d’enquêtes comme Sherlock Holmes ou encore des défis comme l’ascension de l’Everest ou de tour du monde, inspiré du roman de Jules Verne”, explique Vincent Tharreau, son fondateur, à la rédaction de TIC santé. Challenge, aventure, enquête, jeu de plateau… Les mécaniques sont variées.

L’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), les établissements du Groupe Ramsay Santé ou encore l’institut Gustave-Roussy (Villejuif) proposent déjà cette solution à leurs patients. “L’objectif est d’améliorer la prise en charge à distance des malades chroniques, en s’appuyant sur le levier du jeu. L’APA connecté favorise l’engagement de tous les patients et le développement de leur autonomie dans leur pratique de l’activité physique quotidienne« , ajoute Marine Blond, en charge des programmes santé chez Kiplin.

Aux Etats-Unis, un jeu uniquement disponible sur ordonnance

Prise en charge du diabète, prévention du risque de chute chez les seniors, diagnostic et prévention des escarres pour les patients alités… Les jeux de santé destinés à favoriser l’autonomisation du patient se développent.

Pour la première fois aux Etats-Unis, un jeu fait office de médicament et nécessite une ordonnance pour être joué. EndeavorRx aide les enfants de 8 à 12 atteints de troubles du déficit de l’attention (TDAH) avec ou sans hyperactivité. Leur mission : se concentrer pour zigzaguer entre des obstacles et collecter des points en étant guidé par des monstres. La FDA, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, a donné son feu vert pour le commercialiser comme un traitement thérapeutique

*Propos recueillis lors d’une interview donnée à BFM business le 9 mai 2020

Paola Da Silva

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