Cancer : comment pratiquer une activité physique adaptée ?

Activité physique
5 minutes
"J'ai des douleurs très importantes qui m'empêchent de pratiquer de l’activité physique, comment voulez-vous que je fasse ?" ; "Je me sens déprimée et l'activité physique n'est pas ma priorité" ; "Est-ce-que je risque d'aggraver l’évolution de la maladie si je pratique de l'activité physique ? » . Les patients atteints de cancer métastatiques ou avancés se posent de nombreuses questions concernant l’activité physique. Voici quelques éléments de réponses.
"J'ai des douleurs très importantes qui m'empêchent de pratiquer de l’activité physique, comment voulez-vous que je fasse ?" ; "Je me sens déprimée et l'activité physique n'est pas ma priorité" ; "Est-ce-que je risque d'aggraver l’évolution de la maladie si je pratique de l'activité physique ? » . Les patients atteints de cancer métastatiques ou avancés se posent de nombreuses questions concernant l’activité physique. Voici quelques éléments de réponses.

Encore très peu d’études sur le sujet

On parle de cancer métastatique ou avancé dès lors que les cellules cancéreuses se détachent de la tumeur initiale (par exemple des cellules du cancer du sein) et migrent dans une autre partie du corps  (les os, le foie ou autre) par la circulation sanguine ou lymphatique [1].

Les patients souffrent de nombreux symptômes tels que la fatigue, la diminution de leur condition physique ainsi que la détérioration de leur qualité de vie [2–4].

Il existe à l’heure actuelle très peu d’études au niveau mondial concernant les bénéfices de l’activité physique en situation métastatique, notamment parce que les patients atteints de cancers métastatiques ont souvent été exclus des programmes de recherche en activité physique par rapport à la complexité de leur maladie. A contrario, il existe de très nombreuses données prometteuses et encourageantes pour les cancers localisés.

Bénéfices avérés mais résultats discordants

Les recherches réalisées à ce jour auprès de patients atteints de cancers avancés ont montré l’intérêt des patients à vouloir pratiquer une activité physique adaptée à leurs capacités [5–14]. Les personnes se sentiraient capables et préféreraient plutôt des activités telles que la marche.

Malgré la présence de métastases, pratiquer une activité physique reste donc sécuritaire et faisable [4, 15]. De plus, pratiquer de l’activité physique permettrait d’améliorer la condition physique des patients (l’endurance, la force musculaire et la souplesse) et contribuerait également à limiter la fatigue et la diminution de la qualité de vie.

Cependant, selon le type de cancer métastatique il existe encore beaucoup de chemin à parcourir pour démontrer les véritables effets de l’activité physique sur les paramètres physiques, psychologiques, biologiques et sur la survie. Dans d’autres domaines, comme celui des maladies cardio-vasculaires, une expérimentation nationale est en cours.

Par exemple, les données sur les bénéfices de l’activité physique sur la qualité de vie des patientes atteintes de cancer du sein métastatique restent encore controversées. Ces résultats discordants sont souvent liés aux études très différentes aussi bien par rapport au type et à la durée des programmes d’activité physique qu’à la population choisie par rapport à la phase du traitement.

Quoiqu’il en soit, il est maintenant recommandé par l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) de pratiquer une activité physique malgré la présence de métastases en veillant à respecter certaines règles [16, 17].

Activités aquatiques, marche, micro-séances…

Hormis les recommandations de l’ASCO, il n’existe pas de recommandations spécifiques aux patients atteints de cancer avec des métastases.

Cependant, il est parfois déconseillé de pratiquer une activité physique quand le risque de fractures est trop important [17]. Dans le même temps, ne rien pratiquer peut également conduire à une perte importante de masse musculaire ce qui augmente les douleurs et le risque de fractures et de chutes. C’est en quelque sorte, l’histoire du “serpent qui se mord la queue”.

Les activités aquatiques peuvent être envisagées pour les patients qui ne sont pas sous chimiothérapie ou sous radiothérapie tout comme les activités physiques plus douces comme le yoga et le pilates. La pratique peut également être fractionnée en micro séances de 10 minutes.

De plus en plus d’études recommandent aux patients d’augmenter leur masse musculaire afin de protéger les articulations et les os pour réduire les douleurs mais également pour limiter le risque de toxicités liées aux traitements.

Il est donc primordial de privilégier les activités avec le moins de chocs et d’impacts possibles pour limiter les douleurs ou encore de surveiller le niveau de difficulté et d’essoufflement.

Médecins, enseignants APA, objets connectés

Le médecin reste le principal interlocuteur et pourra réaliser un certificat médical de non contre-indication à la pratique de l’activité physique adaptée en précisant des points de vigilance.

Ensuite, les enseignants en activité physique adaptée (EAPA) sont formés pour ce type d’accompagnement. Les EAPA sont des professionnels formés à encadrer des séances d’activité physique pour des personnes à besoins spécifiques. De plus en plus d’établissements proposent des séances d’activités physiques adaptées. Les ligues contre le cancer peuvent également orienter vers les bons interlocuteurs.

L’essor des nouvelles technologies telles que les montres connectées ou encore l’activité physique adaptée connectée – à base de jeux et de digital – permettent d’envisager de nouvelles formes de pratique à distance. Comme une alternative aux traditionnelles séances d’activité physique supervisées.

Une étude française et une étude européenne

Il reste encore beaucoup de choses à découvrir sur les bénéfices de l’activité physique pour les patients atteints de cancer métastatiques notamment sur la survie et sur le type et l’intensité des activités à privilégier.

La recherche avance. Une étude nationale française d’envergure (ABLE02) est en cours de recrutement afin de tester l’efficacité d’une intervention en activité physique pour améliorer la qualité de vie et réduire la fatigue de femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique. En parallèle, une autre étude similaire est en cours de recrutement dans différents pays européens. Ces deux études permettront de considérablement faire avancer les connaissances sur les bénéfices de l’activité physique dans le cancer du sein métastatique.

REFERENCES

1. Institut National du Cancer. Les traitements du cancer du sein. 2013.

2. Dittus KL, Gramling RE, Ades PA. Exercise interventions for individuals with advanced cancer: A systematic review. Prev Med. 2017;104:124–32.

3. Heywood R, McCarthy AL, Skinner TL. Efficacy of Exercise Interventions in Patients With Advanced Cancer: A Systematic Review. Arch Phys Med Rehabil. 2018;99:2595–620.

4. Heywood R, McCarthy AL, Skinner TL. Safety and feasibility of exercise interventions in patients with advanced cancer: a systematic review. Support Care Cancer. 2017;25:3031–50.

5. Chang P-H, Lin C-R, Lee Y-H, Liu Y-L, Chang G-C, Hoogland AI, et al. Exercise experiences in patients with metastatic lung cancer: A qualitative approach. PLoS ONE. 2020;15:e0230188.

6. Frikkel J, Götte M, Beckmann M, Kasper S, Hense J, Teufel M, et al. Fatigue, barriers to physical activity and predictors for motivation to exercise in advanced Cancer patients. BMC Palliat Care. 2020;19:43.

7. Wong JN, McAuley E, Trinh L. Physical activity programming and counseling preferences among cancer survivors: a systematic review. Int J Behav Nutr Phys Act. 2018;15:48.

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