Absentéisme des salariés. Le lourd poids de la santé

Alerte rouge sur les indicateurs de l’absentéisme des salariés. En 2022, 44% des salariés se sont absentés au moins un jour, contre 30% en 2019 (source : baromètre Axa)

Le nombre moyen de jours d’absence par an et par salarié a augmenté 36% par rapport à 2017 avec : 24,5 jours d’absence par salarié en moyenne en 2022 contre 18 jours en 2017.

Sur une seule année (entre 2021 et 2022), le taux d’absentéisme a également connu une hausse de 8% à l’échelle nationale.

• « L’absentéisme repart à la hausse pour atteindre des niveaux presque équivalents à ceux enregistrés en 2020 ». Tel est le constat de la 15e édition du baromètre de référence consacré à l’absentéisme et à l’engagement des salariés publiée par Ayming et AG2R LA MONDIALE

Le coût direct de l’absentéisme connaît lui aussi une hausse constante. Il se situerait aux alentours de 4,4 % de la masse salariale en 2022 contre 3,4% en 2019, selon l’étude “Datascope 2023” d’Axa.

Enfin, et pour donner une lecture complémentaire, le taux d’absentéisme représente l’équivalent de 7 temps pleins pour une entreprise de 100 collaborateurs.

Lire aussi « Guides pratiques, exemples, initiatives » :
– 30 initiatives d’entreprises et de collectivités qui misent sur le bien-être et la santé de leurs équipes
– 15 initiatives prévention santé publiées sur Linkedin par des entreprises et des collectivités
– 4 tests faciles pour aider vos équipes à prendre soin de leur santé
– Prévention santé des salariés. Calendrier annuel des actions & temps forts

L’observatoire de l’absentéisme “Datascope 2023” dévoilé par Axa met en lumière trois constats liés à cet absentéisme record :

• Cette forte hausse est liée à une flambée des arrêts de travail de courte durée
• La hausse de l’absentéisme est désormais plus marquée sur les catégories qui jusque-là, s’arrêtaient habituellement moins : les plus jeunes et les cadres.
• Un allongement des arrêts de travail de longue durée est observé

A noter également que les troubles psychologiques et TMS s’installent comme premières causes d’arrêts de travail de longue durée.

La santé mentale des salariés pèse de plus en plus lourd sur le taux d’absentéisme au travail, notamment chez les femmes qui demeurent les plus touchées (source : sondage Ifop et du groupe de conseil et courtage en assurance Diot-Siaci).

• Interrogé par le média Bretagne Economique, Jean-Marc Estevant, DG adjoint de Verlingue estime que « L’absentéisme des salariés des plus de 55 ans impacte les organisations du fait d’une durée d’absence plus longue que la population globale. C’est un enjeu RH majeur. »

Face à cette situation, les salariés, longtemps discrets face à leur employeur, commencent à lever la main. Pour eux, les actions en matière de prévention santé sont perçues comme étant quasiment aussi importantes que les perspectives d’évolution

• 79% des salariés regardent les actions mises en place par l’entreprise pour prendre soin de la santé des salariés (Selon une étude Ipsos menée à l’initiative de Predilife, société spécialisée dans la prévention des maladies graves)
• 71 % se disent intéressés par les formations de prévention sur les troubles musculo-squelettiques
• 67 % par celles liées à la gestion du stress et les risques psycho-sociaux.

Les demandes des salariés se tournent également vers d’autres sujets qui dépassent le strict cadre des conditions de travail :

• Conseils sur le sommeil (56%, +5 points par rapport à 2021)
• Dispositifs d’aide pour l’accompagnement d’un proche malade (50%, +8 points)
• Ligne d’écoute psychologique (50%, +9 points).

Et pourtant, les employeurs demeurent encore frileux pour s’engager sur ce terrain de la prévention santé des salariés. La peur de s’engager sur des sujets qui se situent sur le fil séparant vie pro et vie perso à la frontière est encore grande.

• Seulement 11% des entreprises évoquent des actions en lien avec la santé pour prendre soin des collaborateurs.
• Seulement 24% des entreprises ont un budget santé dédié.

Souvent, les actions se limitent au cadre des obligations légales. Mais les choses avancent. De nouveaux dispositifs en matière de prévention de la désinsertion professionnelle se mettent en place, à l’image du rendez-vous de liaison (introduit par la loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail) qui a pour objectif de maintenir un lien entre le salarié pendant son arrêt de travail et l’employeur.

Les entreprises n’ont d’autres choix que de redoubler d’efforts et de créativité pour faire face au vieillissement de la population active, à l’allongement des carrières et à l’augmentation des maladies chroniques.