Echauffement avant prise de poste : une réponse contre les TMS ?

Activité physique Prévention Santé au Travail & QVT
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Première cause de maladies professionnelles en France, les troubles musculo-squelettiques (TMS) affectent considérablement la vie des salariés et des entreprises. L'échauffement avant prise de poste fait partie des solutions, notamment pour les acteurs du BTP. Interview de Didier Guillaume, formateur à Santé et prévention BTP 35, Service de Santé au Travail (SST) qui s’adresse exclusivement aux employeurs et aux salariés du BTP en Ille-et-Vilaine
Première cause de maladies professionnelles en France, les troubles musculo-squelettiques (TMS) affectent considérablement la vie des salariés et des entreprises. L'échauffement avant prise de poste fait partie des solutions, notamment pour les acteurs du BTP. Interview de Didier Guillaume, formateur à Santé et prévention BTP 35, Service de Santé au Travail (SST) qui s’adresse exclusivement aux employeurs et aux salariés du BTP en Ille-et-Vilaine

Des chiffres qui pèsent lourd

Des chiffres qui pèsent lourd et qui font mal, dans tous les sens du terme. Dans le secteur du BTP, les TMS représentent :

– 97 % des maladies professionnelles reconnues.
– 10 % des accidents du travail liés à des douleurs de dos.
– 186 millions d’euros (en 2016-2017)
– Près de 2 millions de journées de travail perdues

Tendinites, syndrome du canal carpien, lombalgie… Les troubles musculo-squelettique (TMS) désignent un ensemble de maladies. Selon le ministère du Travail, « ces pathologies concernent les muscles, tendons et gaines tendineuses, les nerfs, les bourses séreuses, les vaisseaux sanguins, les articulations, les ligaments, à la périphérie des articulations des membres supérieurs, de la colonne vertébrale et des membres inférieurs ».

Comme le BTP, d’autres secteurs sont particulièrement touchés par les TMS  : le transport et la logistique, le commerce, l’agroalimentaire, la propreté, l’industrie métallurgique et l’aide à la personne. Didier Guillaume, formateur Santé et prévention BTP 35, explique les bienfaits de l’échauffement avant prise de poste, notamment dans le BTP.

A quoi sert l’échauffement avant prise de poste ?

« La plupart des blessures surviennent la première heure de travail. Ensuite, les salariés sont chauds et les risques sont plus limités. Même si les chantiers sont mécanisés, il existe toujours de nombreuses tâches manuelles qui affectent les muscles et les articulations : monter des sacs, porter des poutres, intervenir sur un plafond, décharger un camion.

Un sportif s’échauffe toujours alors qu’un salarié qui travaille huit heures par jour, avec un engagement physique intense, ne s’échauffe pas. Ce n’est pas normal.».

L’échauffement permet de limiter quels types de blessures ?

L’échauffement avant prise de poste est très utile pour éviter les blessures de la première heure. Les muscles chauds permettent d’éviter les claquages, les déchirures, les entorses, les douleurs et blessures diverses, les fameux troubles musculo-squelettiques (TMS).

S’échauffer permet aussi de s’éveiller l’esprit. La personne est davantage concentrée, ce qui primordial sur un chantier où le danger est partout, il faut être vigilant. Elle pourra trébucher, ne pas se rattraper si elle perd l’équilibre, avoir un comportement à risque. Le fait d’être échauffer évite les blessures mais aussi les accidents.

Et il ne faudra pas non plus négliger l’étirement en fin de journée. Et même en fin de matinée, à la mi-journée, si on peut. Cela évite les courbatures le lendemain matin et les risques de blessures en reprenant le travail.

Comment se déroule un échauffement classique ?

« Il s’agit d’un réveil corporel de 10 minutes qui mobilise et sollicite les muscles, les articulations et le système cardiovasculaire.

On part de la tête et on va jusqu’aux pieds. On échauffe la tête et le coup avec des rotations, on effectue des tourniquets avec les bras pour échauffer les épaules. On réalise la même chose avec les coudes et les poignets. On sollicite les hanches et le dos en effectuant des rotations. On fléchit les genoux, on réalise des rotations avec les genoux comme un skieur qui s’échauffe avant de descendre une piste ; des rotations aussi avec les chevilles

Ensuite on sautille pour échauffer le cœur, c’est la partie cardio de la séance. »

Globalement, les salariés sont-ils vraiment demandeurs ?

« C’est souvent le responsable QSE (Qualité sécurité environnement) dans l’entreprise qui met en place l’échauffement avant prise de poste. On vient dans l’entreprise et on forme un groupe de 10 personnes par exemple, la fois d’après c’est un des salariés qui anime l’échauffement.

Dans les groupes, on repère assez vite les salariés récalcitrants. S’ils ne veulent pas le faire, évidemment on ne peut pas les y obliger, par contre ils doivent se tenir aux côtés du groupe. Le fait d’être à côté du groupe et de le voir s’échauffer, cela peut les faire changer d’avis.

Franchement, beaucoup trouvent cela ridicule de faire des tourniquets avec les bras mais ils se trompent et finissent par changer d’opinion. »

Ces séances ont-elles d’autres vertus ?

Il peut y avoir un cercle vertueux qui se met en place. On observe une meilleure cohésion d’équipes. Les gars sont placés en arc de cercle pour réaliser l’échauffement. Ils discutent d’un film qu’ils ont vu la veille, du travail de la journée, tout en s’échauffant.

En plus de diminuer le risque de TMS, certains se sentent plus en forme et vont se sentir prêt à se remettre au sport, ils sont moins raides et reprennent la course à pied, le vélo ou la natation.

Et pourtant, toutes les entreprises du BTP n’ont pas encore adopté ce réflexe matinal

C’est vrai que les petites entreprises considèrent parfois ces séances comme une perte de temps. Et pourtant, en prenant soin de ses collaborateurs, l’entreprise limite le turn-over et les risques d’accidents.

Attention, l’échauffement n’est pas non plus un remède miracle. Le corps humain n’est pas fait pour porter des charges lourdes ni pour exécuter sur une longue période une tache répétitive. L’échauffement avant prise de poste est un élément de réponse, mais cela ne suffit pas. Il faut en parallèle davantage mécaniser les chantiers.

Dorothée Duchemin

 

 

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